Chapitre 12 : Toi

#Regarde-Moi

Toi

Aimer !
C’est comme voler dans un rêve…
Transporter dans un tourbillon de sensation.
Sans jamais avoir envie d’ouvrir les yeux !
Rien n’a plus d’importance.
Rien ne peux plus m’atteindre.
Même l’ombre de Louise semble ne plus avoir autan d’ampleur…
Je deviens Toi : je respire en symbiose avec ton souffle.

Aimer !
C’est comme retrouver goût à la Vie.
Rire tellement que les zygomatiques sont en flammes.
Aimer plus fort que tout.
Tu deviens ma raison.
Ma déraison.
Un tout.
Je suis en vie.
Je vis.
Je suis vivante.

Notre première nuit ensemble marque le début de la fin. De la deuxième et dernière partie de ma vie. Je ne le sais pas encore à ce moment précis. Mais je te le dis. Car tu connais la fin. Mon prologue a déjà déterminé mon épilogue. Il n’y aura pas de « Happy End ». Ma mort se rapproche.

Mort ou Libération ? Je laisse à ton appréciation. Tout dépend toujours du point de vue. Tout résulte de ce que tu es capable de voir. D’endurer. De concevoir ! Il faut parfois ressentir plus loin que les mots pour pouvoir comprendre. Tout le monde n’est pas assez empathique pour pleurer sur autrui. Pour regarder. Examiner au-delà des masques. Au-delà des sourires. Au-delà des rires. Au-delà de sa vie. Voir. Observer. Intégrer les souffrances du monde, des autres. Souvent, les gens transposent sur ce qu’ils sont pour essayer d’éprouver de la compassion. Nous ne pouvons comprendre que ce que l’on a vécu. Tout le reste ne dépends que de notre imaginaire, et ce, en fonction de notre sensibilité…

Alors regarde-moi…

Je l’invite chez moi. C’est un mercredi. Pour couvrir l’affront de la vie. Une jolie soirée qui me fera oublier le souvenir de la mort et du sang. Je me rappelle… Je vais transformer ce jour de la semaine. Il deviendra magique et la boucle sera alors peut-être bouclée.
Toi, tu ne peux pas, il y a l’Autre
Pourquoi ai-je accepté de te partager ? Peut-être parce que c’était mieux que rien. Je ne sais pas vraiment. Et puis ton sourire… Il fait chavirer mon âme. Je suis prête à tout. 
À la lune.
À la mort.

Première nuit du reste de ma vie. Je prépare un bon repas. Une bouteille de Chardonnay. Il y a toujours une bouteille.
Je suis le dessert… Je l’espère !

On mange. On rit. On fait l’amour plusieurs fois. Dans le noir. Mon corps regorge de cicatrices que je ne peux montrer. L’intensité est incroyable. Je comprends enfin ce que « faire l’amour » veut dire. Ta douceur sauvage, tes baisers sur ma peau. Tu es à moi totalement. Et pour la première fois, c’est vraiment réciproque : je suis à Toi ! Je suis en Vie ! Un peu plus qu’hier en tout cas.

Tu me vois. J’en suis sûre. Je m’offre alors complètement à Toi ! Mon cœur fermé, mon corps abîmé, toute celle que je suis s’embrase. J’en oublie le passé. J’en oublie mon bourreau dont je tiens la fossette, ma mère, l’abandon de mon Papa, le salon, les horreurs, le sperme et le sang. J’oublie l’odeur du latex, de la pisse, de la peur et des coups.
Seul l’Amour demeure.

On passe toute la nuit éveillé. Tu me parles de Toi. Tu parles beaucoup de Toi. Un peu trop, je m’en rends compte. Tu aimes bien t’écouter. Et moi aussi… Qu’importe! Je n’ai pas besoin de m’étaler. Je souris à tes côtés et cela me suffit. Le temps est en suspens. Je plane dans mon esprit. Je n’ai d’ouïe que pour Toi. Tu te vantes, j’en rajoute. Je te caresse dans le sens du poil. Tu es le plus fort. Mon valeureux chevalier des temps modernes. Je ne veux surtout pas te faire fuir alors je suis celle que tu veux !
Je suis celle que tu décides. Je suis ton reflet. Je ne sais pas faire autrement. Je dis oui à tout. Je suis une poupée. Ta poupée. Je suis ton jouet et je le veux bien.
Car je t’aime.
Toi !
Je suis sage, j’ai appris.
Et ça ne me coûte aucun effort. Je suis naturelle. Je ne suis plus une actrice. Je suis Toi. Cette soirée est magique.

La douleur reste malgré tout.
Je me sens vivante lorsque tes bras m’enlacent. Loin de Toi mon âme dépéris. Tu es une drogue. Et je t’imagine avec Elle.
L’Autre.
Celle qui est l’officielle. Alors je continue toujours de faire couler du sang. Ma lame reste une amie. Pas trop. Un petit peu sur mes bras. Jamais profondément. Juste pour sentir cette douleur qui est devenue un réconfort…
Je me prive de nourriture plusieurs jours. Mon estomac, qui gronde et se tord, m’apaise. La folie est toujours là. Tapis dans l’ombre. Prête à dévorer la fille, la femme que je suis maintenant.
Ou l’enfant qui n’a jamais pu grandir…

Les semaines passent, tu m’inondes de messages. De je t’aime. Je suis spéciale. J’existe pour quelqu’un. J’existe pour Toi. Mon envie de vivre revient. Je veux vivre avec Toi. Pour Toi. Tu es l’amour de ma vie. Je le sais. Je ne peux plus respirer sans Toi. Tu es devenue mon addiction.
Mon monde. Alors je bois un peu moins. Encore tous les jours. Mais moins, car j’ai encore plus besoin de Toi. Tu te déverses en moi et plus tu me remplis, plus je suis pleine d’espoir.
Je me sens aimée. Je jubile. Tu éjacules en moi et je rêve d’avenir. Je veux être à Toi pour toujours. Je serai à Toi pour toujours. Je m’abandonne et j’oublie mon Nom pour prendre le tien…
Un soir, je décide de te graver sur ma peau. Je prends un joli verre à vin, offert par ma mère, je le casse et attrapant un morceau bien aiguisée, je grave tes initiales sur mon avant-bras. Tu ne le sais pas. Je t’aime dans le noir et je sais cacher mes folies…

L’Autre est toujours présente. Tu ne couches pas avec elle.
Sauf parfois…
Mes jours tristes…
Tu vas la quitter. Tu me l’as juré. Je dois juste être patiente. Je ne peux pas être jalouse, mais je la déteste. Je hais cette vie qu’elle a avec Toi. J’imagine parfois m’introduire chez vous, serrer son joli cou et lui couper le souffle. Je la tue mille fois. J’imagine son sang sur mes mains. Je suis trop sage pour faire ça. Et puis elle est stérile. Tu veux d’autre enfants, tu me l’as dit. Alors je serais la matrice qui donnera vie à tes projets. Je t’ai attendu tellement de temps. J’attendrais encore. Ma consolation se trouve dans tes bras. Mon espoir renaît deux ou trois fois par semaine…
Tu appelles lorsqu’elle part. J’accours. De temps à autre, tu t’offres une nuit chez moi.
Jour de fête !
Je suis comme une chienne qui frétille de bonheur lorsque son maître joue avec elle ! Je suis une chienne. J’ai toujours eu ce rôle, mais aujourd’hui je vibre quand ça arrive. À présent, je suis heureuse de l’être pour Toi. Ça me convient. Je suis d’accord. Je crois. Je n’ai pas le choix.
Je te veux, Toi.

Tu me rassures constamment. Tu m’offres de belles preuves de ton amour : des fleurs, des cadeaux, des compliments, de longs discours. Tu me dis que je suis belle, incroyable. Tes yeux pétillent quand tu me vois.
Et ton sourire…

Tu n’as jamais vécu une histoire comme la nôtre. Tu es heureux. Je te rends heureux.
Tu me racontes plein de choses. Tu parles vraiment beaucoup de toi. Sans jamais te dévoiler. J’ai parfois des sensations bizarres. Je balaie de mon cerveau ces doutes en secouant la tête. Je suis folle. Folle de toi. J’ai tellement de blessures que je ne sais pas comment aimer. J’ai tellement souffert que j’ai peur d’être brisée. Mais je ne dois pas transposer sur Toi. Tu n’es pas quelqu’un de méchant.
Tu es l’Amour.
Mon Homme.
Mon Présent.
Mon Future.
Nous allons construire notre vie : on va s’installer ensemble, ta fille nous rejoindra, on formera une famille à notre tour. Tu me demanderas de t’épouser un soir d’avril et nous nous marierons un après-midi de juillet. Avec toi, je porterai la vie réellement. Je le sais. Avec Jérémy, nous ne pouvions pas aboutir. Louise aurait souffert de mon manque d’amour. On se serait détruit. Dieu la reprit…
Alors tout reprend un sens. Dieu dans sa bonté avait un projet : celui que je sois Maman avec Toi.

Je te parle de ma Petite Bulle un soir. Après quelques verres dans le sang, le courage vient. Je me dévoile. Je m’expose. Je te fais confiance. Tu ne m’as jamais posé de questions sur moi, mais ce soir-là, je m’ouvre sans détour. Je te dis tout. Je te partage cette soirée de juillet. Du suicide de mon agresseur. Je te parle de Yacine, du salon. De Paul. Jérémy. Louise. Mes tentatives de suicide. Des coups de lame sur mon corps. Mon hospitalisation. D’Ana. De la véritable identité de mon géniteur. Tout. Rien n’est laissé sous silence. Je te dois la vérité. J’en tremble…
Mais tu es à l’écoute. Tu n’en perds pas une miette.
Tu me soutiens.
Je crois.
Tu parles de ton parcours de vie, alors je me sens moins seule. Je ne me sens ni sale, ni mal.
Alors là, entre mes larmes et mes frissons, tu me demandes en mariage. Simplement. Sans fioriture. Tu me fixes de ses yeux bleus-gris en souriant, et prononces : «Veux-tu être ma femme ? » Oui ! Je dis oui !
Le rêve devient réalité.
L’Autre va dégager.
La vie est belle.
Il va être mon mari.

J’ai le droit à une deuxième chance.
J’ai le droit d’être heureuse.

J’ai le droit de vivre cette fois…
Alors je m’endors paisiblement à tes côtés.
Heureuse !

Le matin, à mon réveil, tu n’es déjà plus là…

NiNiE

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :