Chapitre 13 : L’Autre

#Regarde-Moi

L’Autre

Je suis amoureuse.
Plus les jours passent plus je suis au bord de la folie… Amoureuse avec passion. Fracas. Sans limite. Je ne sais pas aimer. Je n’ai jamais appris. Je sais me donner sans limite. Je sais m’oublier. Je sais devenir celle qu’on attends de moi. Je sais alterner les rôles. Mais je ne connais pas l’amour.

Je sais être douce aussi. Lorsque je m’applique sur mes caresses. Du bout de mes doigts, j’effleure ta peau. C’est tendre. C’est chaud. Tu frissonnes.
Je résonne.
On peut aimer avec contradiction. Je ne suis pas linéaire. Je pars dans tous les sens. Mes « je t’aime » sont à la fois aimant et violent. Je suis violence. Je ne suis pas commune. Mon âme est en conflit. Je me bats contre moi-même, mes émotions, ce monde. Surtout ce monde.
Avec blessure et fureur. Je donne tout. Mon amour est un brasier. Je gesticule au bord du gouffre. Au bord de la limite. Je suis borderline. Voilà ma maladie. Je suis au bord du précipice. Prête à tomber. Je ne tombe jamais. Une équilibriste de la vie. Un clown. Une artiste de cirque. Je jongle avec toute mes sensations.

Je n’aime pas l’amour plat, sans montagne et sans looping. Cet amour-là me lasse et m’ennuie. L’amour chez moi, c’est une partie de roulette russe. Je fais tourner le barillet. Sois, ça passe. Sois, je casse. Une balle qui se loge en pleine tête. En plein cœur. Et je saigne…
Puis, que m’importe ce que le monde en dit.
Le monde a peur ! Peur de s’offrir. Peur de vivre. Peur de ne se qu’il ne contrôle pas. Ou plus…
Moi, je n’ai plus peur.
J’ai trop souffert pour avoir peur… Trop enduré. Trop pleuré. Alors je me jette à corps perdu.
Et j’aime ma folie ! Tout est exacerbé ! Elle me rend unique, libre. J’ai appris à vivre avec. J’alterne entre crises de larmes et crises de rires. J’accueille la mélancolie avec joie. Elle me remplit et fait partie de moi. Sans elle, je serai perdue. J’en ai besoin. Pour survivre. Pour continuer de m’accrocher. Je ne la montre pas. Elle se tapit dans l’ombre. Elle est mon secret, mon jardin secret.

Les biens pensants ne savent pas aimer comme ça. Leur cœur n’est pas assez accroché dans leur poitrine et il préfère aimer à petite dose, à petit coup. Ils aiment comme ils vivent leur vie : sans danger ! Mais moi, je ne sais pas prendre de gants. Mes barrières ne sont qu’un jeu. Je les fixe pour les franchir dès que l’occasion se présente. J’aime le risque. J’aime l’aventure. J’offre ma vie sans réfléchir. J’aime sans limite. Avec passion et débordement.

De toute façon, je ne sais pas composer autrement…
Je n’ai jamais appris.
Je veux faire comme je l’entends. J’aime être de celle qui se noie dans une passion tonitruante et ravageuse. J’insuffle de la vie à mon cœur.
Ça dérange ?
Je m’en moque !
Moi, je veux vivre de cet amour.
Il m’anime et m’habite.

Chaque pas va dans ce sens : t’aimer toujours plus.
Toi.
Toi à qui j’ai offert mon cœur, mon âme, ma vie. Toi qui effaces tous les autres…
Toi qui as ton nom gravé en moi.
Sur moi surtout.
Toi que j’adore et que j’adule. Toi qui rythmes mon souffle et mes respirations. Toi pour qui je décide de voir la vie en rose. 
Toi sans qui rien n’a de valeur…
Sans qui tout est fade, vide.
Je ne vis pas pour moi.
Je n’en ai jamais eu l’intérêt.
Je n’ai jamais pu le faire aussi peut-être…
Notre passé détermine notre présent et notre futur. Nous pouvons évoluer, mais nous restons ce que l’on a fait de nous. Moi, je n’ai jamais eu le choix. Ni de vivre. Ni même de mourir. On me l’a enlevé. Un pion sur l’échiquier de la vie. Mais j’ai le choix de t’aimer. J’ai le choix de ne pas manger. J’ai le choix de faire couler le sang. J’ai le choix de boire. Et de faire de ma mélancolie ma meilleure alliée. Alors je m’y accroche. Comme je m’accroche à Toi.

Voilà maintenant six mois que tu m’as demandés en mariage. L’Autre est toujours présente. Tu ne l’as pas laissé. Alors j’attends…
Je suis sage. J’ai appris.
Mille mots pour l’expliquer : elle n’est pas bien. Elle n’a pas d’endroit où aller. Elle est fragile. Elle a perdu sa grand-mère. Elle ne gagne pas assez bien sa vie. Bientôt…
Je dois être patiente. Je dois être compréhensive. Je suis une fille gentille et tu m’aimes pour ça. Voilà tes mots. Ils cognent comme des coups-de-poing. Ils m’entaillent comme ma lame de rasoir sur ma peau griffée. Je pleure. Je souffre. Je ne suis pas d’accord. Je ne veux pas.
Je ne dis rien. 
Je souris.
J’ai appris…

Mais moi aussi, je suis fragile.
Moi aussi, j’ai besoin de Toi.
Moi aussi, je veux exister !
Regarde-moi !

Les jours passent, je me languis de Toi.
Nous nous voyons 2 fois par semaine. Les lundis et jeudis à 19 h 30 et une fois par mois le dimanche à 17 h. Tu restes le temps de me prendre. Le temps de jouir ensemble. Puis, tu pars. Parfois, j’ai l’impression d’être encore une pute. Tu es juste devenu mon régulier. Celui que j’aime. Le seul. Mais je reçois toujours finalement…
Je suis toujours comblée de présents. Tu ne viens jamais les mains vides. La seule chose que tu ne m’offres jamais, c’est Toi. Lorsque tu t’en vas, je bois deux shots de vodka avec mon anxiolytique. Mon esprit plane et ça me permet d’oublier ma déchirure…
Je peux alors rêver le temps d’un instant. M’envoler dans un monde imaginaire que je crée pour supporter la réalité. Ma réalité…

Un lundi, après nos ébats où je te sens différent. Plus distant. Dans des petits détails insignifiants qui te trahissent involontairement. Car la vérité se cache toujours dans les détails. Tu oublies ton téléphone. Tu ne l’oublies jamais. Mais là, le destin en a voulu autrement. Tu m’avais donné ton code. Et moi le mien. Je n’ai jamais fouillé. Question de confiance. Mais pas cette fois-ci. Ma main attrape ton portable. Je compose le code en tremblant. Je m’en veux tout en le faisant. Mais c’est plus fort que moi. Je regarde tes messages. Je n’y trouve rien. Tout est presque vide. Trop vide. « Trop » n’est jamais synonyme de bien. L’angoisse me saisit. Je tremble comme une feuille. Je respire avec difficulté. Je hurle à l’intérieur. Je brûle même. Je pleure. J’ai peur…
Je fouille frénétiquement. J’inspecte tout. Méthodiquement. Et c’est alors que dans un dossier archivé et bien caché, je lis ce message datant de quelques jours à peine :

« Bonjour Marina,
Mardi, je te déposerai tes affaires. Je ne veux plus aucun contact ou même discussion avec toi. Avec le peu de respect que je garde pour toi, je tiens quand même à ce que tu puisses récupérer ces affaires…
Je vais me marier avec celle qui partage ma vie et qui est comme une mère pour ma fille.
Meilleures salutations,
Cordialement. »


Tu as écrit ce message. Tu ne l’as pas effacé. Pas encore. Tu ne parles pas de moi. Je n’ai jamais vu ta fille. Je suis anéantie. Je ne sais plus quoi faire. Je ne pleure plus. Je ne crie pas. Je suis choquée. Mon esprit se brouille. Je sens que je vais m’évanouir. Je suis perdue. Je meurs. Ébranlée. Mon cœur se casse. Je devrais avoir l’habitude. Je ne m’y habitue pas. La douleur est insoutenable. Je me dirige vers la cuisine, j’attrape la bouteille de vodka, me sers un shot. Cul-sec. Je dois oublier ce que j’ai lu. Je dois oublier ce message. Je m’en sers un 2ème. Cul-sec. L’alcool monte. Je le sens. Je suis à jeun. Je n’ai pas mangé aujourd’hui. Je ne mange jamais les journées où je te vois. Pour contrôler. Pour être jolie. Pour Toi.

Je finis la bouteille…
Je suis complètement ivre. Je suis à nouveau morte. On vient de me tuer. Encore. Mon âme gronde de colère, de peine.
Je me déteste. Je t’aime.
Tu ne cherches pas à récupérer ton téléphone. Je trouve ça bizarre… Mais je suis trop soûle pour réfléchir. Pas assez pour oublier.
Je suis ivre de haine.
L’Autre m’a volé mes espoirs…
L’Autre m’a volé mes rêves…
L’Autre m’a volé mon mariage.
Ma vie rêvée…
L’Autre doit disparaître…
Je veux qu’elle ne soit plus.
Tu pourras alors m’aimer librement.
L’Autre m’a tué, je vais devoir la tuer à mon tour.

J’attrape alors un couteau de cuisine. Celui qui me sert à couper la viande. Elle n’est que de la viande avariée. Elle se découpera aisément. Je ne réfléchis pas. Je n’en suis plus capable. La démence a pris toute la place. Mes neurones ont fondu. Mes pensées sont brouillées. À cet instant, je ne suis plus que brutalité, meurtre et déraison. Le sang est le remède. Pas le mien. Pas cette fois. Je ne me sacrifiai pas pour elle. L’Autre sera l’offrande sur l’autel de ma folie, pour aduler ma passion envers Toi. L’Autre mourra pour que je revive. Une Vie pour une Vie. Telle est la loi qui m’enflamme. Enfiévrée de passion, une 2ème bouteille de vodka sous le bras.

Je pars en guerre…

NiNiE

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